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1]1] Mon bon frere, j’ai receu voz lettres du dernier de janvier, 2e de fevrier et premier de ce mois de mars et ai esté bien joyeulx sçavoir de vostre bon pourtement et de ma bonne seur, vostre compaigne.

2]2] Je vous ai desia envoyé tout ce qui s’est peu depescher, touchant les affaires de la diete provincial de voz terres, et ai bon espoir que de ceste heure aurez si bien pourveu à toutes choses que voz subgectz persevereront en leur devoir, amour et obeissance envers vous. Et si aultrement estoit et qu’il vous semblat que dez ici je puisse quelque chose remedier, vous sçavez bien que m’y vouldroie employer comme pour mon propre affaire, mais je vous conseille que tout ce que pourrez faire par bons moyens sans entrer en aigreur contre vosd. subgectz que vous le faictes, comme ne fais nulle doubte que vous sçaurez bien faire, afin qu’ilz ne perdent la honte au temps si divers que court à present pardela, car ce seroit trop d’inconveniant, à quoi vous prie bien panser.

3]3] Quant à ce que m’advertissez qu’il est famé pardela que aulcunes citéz et villes imperiales, craignans estre chastiéz pour les exces de Luthere, pratiquent avec les princes et personnes qui sçavient ne sont estéz noz serviteurs pour les mouvoir et attraire à eulx et se joindre tous contre nous, j’eusse bien desiré que m’eussiez aussi adverti du remede que sur ce pourroie bailler. Je vous prie m’en escripre vostre bon advis et ce pendant faire dea) vostre cousté le mieulx que pourez, car je ne fais doubte que le bien de telz affaires consiste en la dilligence, laquelle vous, estant sur le lieu, pouez mieulx adresser que je ne fais dez ici, et à mon endroit avoir eu vostred. advis. Je ferai tout ce que me sera possible.

4]4] J’ai trouvé vostre advis tres bon de ce que m’avez escript estre necessaire pourveoir pour la diete imperiale de Spire, si je la prenne. Et ensuivant vostred. advis m’a semblé mieulx de non l’aprouver, mais dissimulier et delaier pour gaigner temps, s’il est possible que le puissiez faire sans inconveniant, ce que je remectz à vous et en tous advenemens je vous envoie le pouvoir renouvellé, comme le demandez, auquel ai fait comprendre l’evesque de Trente, et aussi ai fait reffaire l’instruction sur les commissaires, en y mectant la clause sur ce que touche à nostre foi que l’on ni touche, change ou innove aulcune chose ni alterent l’ancienne creance ni consententb) aulcune nouvelleté contre l’obeissance de l’eglise, mais se gardent les coustumes et cerimonies d’icelles, comme elles ont esté gardées, creves et tenues anciennement, jusques je voise pardela, car je ne me veulx entremectre en quelqconque maniere de dispenser, changer ni alterer chose aulcune en ce qui touche la foi ni consentir que en mon temps nostred. foi reçoive telle offence en la nation d’Allemaigne, car à l’exemple d’icelle se pourroient pervertir et corrompre les aultres provinces chrestiennes et mesmes, s’ilz veoient que ne feisse contradiction. Je vous asseure que j’ai grand desir d’aller pardela pour mectre la main en cest affaire, comme desia vous ai escript, et ferai tout mon mieulx pour partir environ la sainct Jehan de jungc) prouchain, comme desia vous ai escript, si mes affaires le peuvent porter, car il fault veoir, comme ceulx d’Ytalie et de France se gouverneront et quelle responce et espoir j’aurai, si le pape et potentas d’Ytalie vouldront entrer en amitié avec moi, comme je suis contant de ma part, ou s’ilz vouldront tousiours dissimuler ou eulx declairer ouvertement pour selon cela adviser, comme dit est, de dresser mesd. affaires et mond. voiaige de pardela dont n’aura faulte que de bonne heure serez adverti de ce que en sera et ce pendant pouez tenir vostre cas prest, car en tous advenemens je fais et ferai le semblable.

5]5] J’ai eu du pape ung semblable bref qu’est le vostre, touchant la venue du Turc en Hongrie. Je sçai que j’en dois croire, pour ce que sçavez, comme maintesfois tel bruit a esté semé par Ytalie. Et par raison sa ste pour mieulx secourir la chrestienté devroit accepter la capitulation avec nous et envoyer les croisades que lui ai fait demander, comme sçavez, est de coustume en Espaigne et jamais n’en ai eu depesché. Toutesfois vous me ferez plaisir vous informer au vrai et par gens dignes de foi des intencions et emprinses dud. Turc et m’advertir de ce que en sera ensemble de vostre advis de ce que je devrai faire, car je me vouldroie employer de mon pouoir à lui resister, esperant que chascun des aultres princes nous feront assistence, comme en tel cas si important seroit necessaire.

6]6] J’ai entendu par Salines ce que lui avez escript, touchant les affaires de pardela, et aultres choses dont il m’a fait ample relation. Je vous mercie voz bons advertissemens et actends responce sur ce que par don Pedro de Cordova vous ai escript et semblablement me pourrez escripre sur les affaires que dessus par ce courrier,d) present pourteur, lequel j’envoie propre devers vous pour pourter cestui depesche.

7]7] Lee) duc Henry de Brunsvyk est venu ici pour les choses contre led. Luthere qu’il m’a baillé par escript dont vous envoie coppie, afin que soyez adverti de tout, comme c’est bien raison. J’ai depesché led. duc avec lettres de credence, comment il les demandoit, remectant la relation de sad. credence a l’instruction que lui ai baillé, qu’est en substance d’entretenir ceulx qui sont en bonne volenté au soubstenement de nostre foi et regarder d’attirer à bien ceulx qui sont maulvais, comme plus au long entendrez par led. escript, et m’a semblé que cela ne pouoit si non prouffiter.

8]8] Il me desplet bien du trespas de nostre seur, la roine de Dennemarcke. J’ai fait le devoir de faire prier dieu pour son ame et aurai voluntiers pour recommandé ses enfans, noz neveurs, lesquelz sont maintenant es mains de mme nostre tante en Flandres.

9]9] Le roi de France a esté delivré en son royaulme le 17e f) de ce mois, en recevant les daulphin et duc d’Orleans pour hostages. Lesquelz je fais mener à Bourgoines et persiste led. roi de France qu’il accomplira tout ce qu’il m’a promis par le traicté de paix.

10]10] Je suis maintenant entré en l’ordre de mariaige, ou quel je me treuve tres bien. Et sur ce, mon bon frere,g) je prie dieu vous doint ce que plus desirez.

Escript à Seville, le 30e h) jour de mars 1526.