TranskriptTranscript

1]1] Monsr, treshumblement à vostre bonne grace me recommande. Monsr, j’ai receu voz lettres du 15e d’avril passé. Et quant à ce que me merciez la paine qu’ai prins, pour adresser Montfort, Loquinghen et autres que depar vous ont en commission pardeça pour lever des pietons et entendre à autres voz affaires, la chose qui voulentiers se fait n’est monsr paine et vouldroie estre si heureux que je vous sceusse faire service agreable, car s’est la chose en ce monde que plus je desire comme tiens en avez monsr la mesme fiance en moi. Je vous mercie monsr de la bonne amour et benivolence que par vosd. lettres me demonstrez, mesmes de ce qu’il vous a pleu ainsi m’avoir au long averti de tous voz affaires; laquelle chose m’est si grosse joie que plus ne seroit, vous suppliant, monsr, en ce vouloir continuer. Car de ma part en toutes et quelzconques les choses que trouverai ou appercevrai toucheront vostre honneur et service ne serai jamais en riens moins defaillant que du passé; ains en tout ce qu’il me sera possible persevererai tousiours de bien en mieulx.

2]2] Quant au conte Palatin Fredrick, incontinant qu’ai monsr sceu la depesche qu’avez fait à son homme, lui ai rescript de bonnes lettres, lui priant bien affectueusement tant depar vous comme depar moi vouloir accepter de continuer en la lieutenandise de l’empire. Lequel m’a respondu que, combien qu’il auroit beacop de causes raisonnables pour icelle reffuser, neantmoings pour vous faire service, il est content l’accepter pour ung an, en lui baillant dix mil florins d’or de gaiges. Or vous savez monsr, comme par les ordonnances de normes, il n’a esté constitué que 4000, et depar vous je n’ai pouoir ni auctorité lui plus promectre. Ce neantmoins, esperant que l’aurez pour agreable, lui ai mandé que ou nom de vous je lui promectrai oultre lesd. 4000 autres deux mil par an et qu’il l’accepte aux deux années que selon la derniere conclusion, faicte à Neuremberg, doit le regiment demourer en estre; et que pour les autres 4000 qui restent pour furnir ausd. dix mil qu’il demande, que voulentiers vous en escriprai et solliciterai. Surquoi je ne sçai qu’il en vouldra faire, mais en cas qu’il le reffuse ce que puis croire, sera forcé en prendre autre, assavoir le marquis Philippe de Bade, auquel avant la reception de voz lettres pour ce que le susd. conte Palatin l’avoit totalement reffusé, avoie escript et requis vouloir accepter lad. lieutenandise. Lequel m’a rendu fort bonne et honneste responce, disant que ses predeccesseurs sont estéz alliéz et tousiours serviteurs aux nostres et que pour sa part n’en veult moins faire, ains en tout ce qu’il pourra et sera vous servir, sera prest et appareillé. Et sachant la resolucion dud. conte Palatin, vous en avertirai, monsr, de ce que se y fera.

3]3] De l’inobeissance, estant presentement en l’empire, et aussi du mauvais regnement de la maudicte secte Luterianne, à cause que par le sr de Bredam vous avertirai monsr au long de tout ce qu’il en est, ne vous en escriprai plusavant, mais si vous dirai je que de lad. secte Luterianne elle vient tousiours plus avant et de pis en pis, tellement que, si dieu ni permect du remedde, le monde aura bien affaire à l’y mectre.

4]4] Et quant aux depesches qu’avez baillé à vostre ambassadeur Hannart tant pour l’adresse du regiment que autrement, il s’est en ce et autres choses qui touchoient vostre honneur et reputacion tellement conduit que plustost y avoit des adresses que adresse, comme par mon homme, estant vers vous, pouez avoir entendu et pourrez monsr ci-après encoires plus au long estre informé.

5]5] Touchant le fait de George, pour ce que par led. sr de Bredam vous en ferai aussi parler tout au long, ne vous en ferai pour le present plus long propos, actendant sur ce vostre bonne responce.

6]6] Quant à l’affaire du roi de Dannemarke, je vous avise monsr que ici ai fait toute deue diligence et ai envoyé le conte de Elfestain à la journée de Embourg pour mon ambassadeur avec bonnes instructions. Et m’a escript qu’on ne peult trouver nul moyen remectre le roi en ses royaulmes et que les subgectz et voisins disent que plustost se feront tous tuer que jamais il y retourne. Mond. ambassadeur y est encoires joinctement avec les vostred. et ceulx du roi d’Angleterre pour trouver quelque autre expedient. Lesquelz ne feront petite euvre en trouver qui soit bon; de ce qu’ilz concluront vous en avertirai monsr incontinant que le serai.

7]7] J’ai monsr receu la procure que m’avez envoyé pour le recouvrement des deux cens mil ducatz qu’il vous a pleu m’assigner à Venise ou lieu de semblable somme de mon mariaige, dont vous mercie treshumblement. Et ai aussi receu voz lettres aux ducz de Baviere, touchant le jesne duc de Wirtemberg, selon ce que avoie mandé à mon solliciteur Salines, et autres, quant au depesche de Suapinquer ou lieu de messire Andreas de Burgo pour vostre am-ambassadeur en Hungrie.

8]8] Touchant la debte des deux cens mil florins d’or au duc George de Saxen, je vous supplie monsr que le plustost que pourrez me veullez faire remboursser de ce qu’ai desbourssé que monte à cent et dix mil florins d’or en or et de la reste m’en veullez descharger et vous supplie aussi monsr pourveoir au paiement des debtes de feu l’empereur, nostre sr et grant-pere, cui dieu absoille, tant pour la descharge de son ame et vostre conscience, comme aussi pour evicter beacop de plaintes et langaiges; j’ai escript aux commissaires, estans à Ysbourgh, qu’ilz m’avertissent de la somme que vostre part peult monter, et l’ayant monsr entendu, le vous ferai savoir.

9]9] Du bon armurier que desirez monsr avoir, il y a longuement qu’il est parti et crois que de ceste heure soit devers vous, auquel ai assez fait donner argent pour son voiaige.

10]10] Quant aux affaires du duc de Bourbon et aussi du subces des affaires d’Ytalie dont dictes monsr avoir ordonné à vostre viceroi de Naples me tousiours avertir d’iceulx, il est bien vrai que aucunes-fois l’a fait. Je vous ai escript par mes precedents lettres, comme je leur ai envoyé 5000 pietons ainsi qu’ilz le m’avoient requis pour renforcer l’armée; et afin qu’il n’y eust point de faulte, ai presté trois mil florins d’or pour iceulx conduire jusques à Maran où ilz passeront la monstre.

11]11] Touchant de l’entreveue du roi de Hungrie et moi, la conclusion que à icelle fut prinse ne sortira effect tant à cause de l’inobeissance que led. roi a en son royaulme, comme d’autre discorde et mauvais gouvernement y estans. Et voudroie bien monsr pourveu que ce ne fust à vostre deshonneur ni desaventaige, que quelque bonne paix fust faicte, afin que puissies employer vostre effort et aussi les autres princes chrestiens contre ces maulditz Turcz; car autrement est en grant dangier que led. roi de Hungrie ne soit entierement destruit et perdu et pouez monsr bien penser, que après n’en aurai de moins.

12]12] Au regard de ce que voulez faire pour mon tresorier, le conte de Hortembourg, et ses parens et avoir iceulx pour recommandéz, je vous en remercie, monsr, treshumblement et prie que par effect le veullez ainsi monstrer, afin de le rendre plus enclin à nous faire service à tous deux et y continuer.

13]13] Au surplus j’ai, monsr, aussi receu une copie qu’avies ordonné à vostre secretaire, monsr Jehan L’Alemand, m’envoyer, parlaquelle suis esté au long averti de tous voz affaires et intencion tant de paix que de guerre, dont et de la bonne fiance qu’avez en moi à les me faire ainsi savoir et communicquer, vous mercie treshumblement, vous suppliant monsr m’avertir de tout le besoingner de l’archevesque de Capua et de vostre grant chancellier.

Monsr, je supplie atant le createur qui vous doint bonne vie et longue.

De Stocquart, ce 10e a) de jung ao 24.

Vostre tres humble et tres obeisant frere

Ferdinandus.