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1]1] Mon bon frere, depuis mon aultre lettre escripte j’ai retenu Meneses jusques à oires, afin de par lui vous advertir plus certainement de la resolucion que j’ai prinse en mes affaires et de l’estat d’iceulx.

2]2] Le marechal Montmorency est venu vers moi et m’a requis trois choses : l’une faire depescher saufconduit pour la duchesse d’Alançon, seur du roi de France, laquelle entend venir vers moi avec plain pouoir de traicter de paix, l’aultre de pourveoir que led. roi de France soit amené près du lieu, où je serai, afin que l’on lui puist consulter sur les condicions de lad. paix et tant plus promptement y conclure et l’aultre de faire une abstinence de guerre avec libre passage par terre et par mer pour ambassadeurs et courriers d’une part et d’aultre.

3]3] Quant aud. saufconduit pour la duchesse d’Alançon, je l’ai accordé et fait bailler aud. Montmorency moyennant qu’il a promis que en semblable sera fait pour monsr de Bourbon, auquel j’ai escript venir pardeça pour entendre en ce que lui touche au fait de lad. paix et lui renvoie mes galleres à cest effect.

4]4] Quant à la venue dud. roi de France, j’ai aussi pourveu qu’il soit amené le chemin de Madril, et sur ce vois à Segovia, comme j’espere, pour illec tenir ceste assamblée, je le ferai conduire à cour.

5]5] Et quant à l’abstinence de guerre, j’en ai fait communiquer avec les ambassadeurs d’Angleterre, estans ici, lesquelz ont pouvoir tant pour paix que tresves et selon leur advis et consentement a esté couchée lad. abstinence à durer jusques en fin de decembre prouchain et y estes comprins, comme verrez par la copie que vous envoie. Il ne reste pour la conclure sinon le pouoir de France, lequel led. Montmorency a promis faire venir dedans la fin de ce mois et de ce qu’en sera fait vous advertirai.

6]6] Quant à l’affaire de mon mariage en Portugal, il est en mesme estat que par mon aultre lettre le vous escriptz, en actendant le consentement d’Angleterre et aussi vostre advis sur icellui, car puis qu’il est bien convenable de avant mon partement de pardeça sçavoir, si j’aurai paix ou guerre, et semble qu’il y a grand espoir que lad. paix se fera et y fault du temps, j’ai conclud de delaier mon voiaige d’Ytalie jusques en mars ou avril prochain et par ainsi j’ai temps assez de me marier en ce mois de septembre que lors pourrai avoir led. consentement et aussi vostred. advis et si sçaurai lors le fait ou failli de lad. paix. Et à ceste cause, mon frere, ne sera besoing vous envoyer les lettres pour les princes d’Allemaigne, esquelles les advertissoie de mond. voiaige pour ceste année, comme mon aultre lettre fait mencion, car je vous escriprai tousiours de tout ce que surviendra.

7]7] Vous avez assez peu sçavoir les pratiques d’aulcuns potentaz d’Ytalie qui ne desirent nostre grandeur, et afin de leur rompre leursd. pratiques, consideré le retardement de mond. voyaige, j’ai esté conseillé et ai conclud trois choses en mes affaires d’Ytalie : l’une de entretenir le pape en vertu de la lighe que sçavez avons avec lui, l’aultre reconseiller les Venissiens avec moi, leur baillant ratiffication de la derniere capitulation que fut faicte avec eulx, comme s’ilz n’eussent en riens contrevenu à icelle, moyennant qu’ilz payent à mon prouffit 120a) mille ou du moins 100000 ducas, et l’aultre c’est asseoirb) le duc Francisque Sforcia en l’estat de Millan; et pour ce lui ai presentement delivré son investiture au condicion qu’il me payera 600000 ducas, les 100000 incontinent, 10000 quant je me irai coronner, 100000 en deux ans après et les aultres 300000 en troisc) ans après et aussi qu’il a renuncé au mon prouffit au droit qu’il pretend end) la duché de Bar et qu’il ne se mariera sans mon sceu et consentement et fera du sel de Millan pour la distribution d’icelle, ainsi que l’ordonnerai sans grever son estat.

8]8] Lesd. sommes tant de Venise que dud. premier payement de Millan s’employeront pour payer mes gens de guerre et les licencier, car moyennant lad. abstinence il souffit que je garde les Espagnolz et mes gens d’armes ordinaires de Naples et pour ce, mon frere, qui me seroit groz dommaige qu’il y eust retardement aud. affaire de Venise en maniere que ne puisse avoir lesd. deniers pour licencier lesd. gens de guerre, je vous prie que de vostre cousté ne mectez difficulté à lad. ratiffication, ains que y vuellez consentir, comme mes ambassadeurs à Venise vous escripront, car il n’est temps de faire nouveaulx mouvemens en Ytalie.

9]9] Et quant aud. sel, j’ai fait toute instance, afin que l’ayez, comme pape Leon l’avoit. L’ambassadeur de Millan respond sur ce que son maistre fera user du vostre sel d’Allemaigne, auprès que se vend maintenant le sel marin aud. estat de Millan et que, si vostred. sel ne peult fournir, qu’il lui soit licité pour l’indempnité de ses subgectz de les pourveoir d’austant d’aultre sel que leur sera necessaire. Je n’ai riens voulsu resouldre en cest affaire, ains l’ai delaié jusques vous aie adverti de ce que dessus, afin que me puissiez envoyer quelcung qui entende ceste matiere ensemble vostre intencion sur icelle et je m’employerai que aurez tout ce que se pourra avoir, car vous meritez beaulcop plus, estant cause comme vous estes d’avoir gaigné la bataille oud. estat de Millan et d’aultre part vous sçavez que mes affaires sont les vostres et les vostres sont les miennes.

10]10] J’envoie au marquis de Pescayre tiltre de cappitaine general en Lombardie jusques à ma venu celle part et retiens ici auprès de moi mon viceroi de Naples, car il me pourra beaulcop servir pour l’adresse de lad. paix.

11]11] Quant au proces des terres de Bourgoingne, je vous tiens adverti, comme le sr de Longepierre vient pardeça à cest effect en intencion d’en appoincter amiablement, comme vous ai escript, vouloir aussi faire de vostre part, parquoi vous prie envoyer quelque homme qui sache vostre droit et qu’il ait bonnes instructions de vostre intencion avec pouoir pour se submectre en arbitraige et le plustot sera le meilleur et ferai garder ce que vous touchera, comme si c’estoit pour moi mesmes, priant à dieu qu’il vous doint, mon bon frere, ce que plus desirez.

Escript à Toledo, le 20e e) jour de mois de juillet 1525.

12]12] [Nachschrift vom 31. Juli 1525:f)] Je vous envoie une lettre en Allemand, faisant mention de la monnoie de Nuremberg. Je vous prie mescripre que c’est ensemble vostre advis.

13]13] Led. Meneses a si longuement demeuré, actendant la resolucion du sel de Millan qui enfin après plusieurs longuez disputes et grandes altercations a esté appoincté et concordé, comme verrez par la copie de l’obligation que led. Meneses vous pourte. Vous ferez bien d’envoyer quelquun bon personnaige aud. Millan pour sçavoir devers Loppe Hurtado, si led. de Millan aura accepté et ratiffié lad. obligation, comme son ambassadeur l’a promis. Et en ce cas vous fauldra adresser le fait de la distribucion aud. sel en maniere qui n’y puist souldre inconvenient et que le peuple n’aie juste cause se mescontenter. Si aussi led. duc de Millan desire actendre jusques à ma venue pardela, vous y pourrez penser, car j’espere bien qu’il n’osera lors reffuser ni led. sel ni autre plus grande chose. Vous ferez en tout comm’il vous semblera pour le mieulx au bien de noz affaires, et m’advertirez par led. Meneses de ce que en sera avec, s’il est besoing que je face encoires quelque autre chose, car vous sçavez que la ferai voluntiers.

Escript aud. Toledo, le dernier jour de jullet 1525.