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1]1] Monsr, j’ai receu voz lettres par mon maistre des postes du 2e de novembre ensemble la depesche qu’il vous pleut incontinant lui faire dont tres humblement vous mercie et actens avec grand desir la venue de mon grant-escuier don Pedro de Cordova pour par lui estre averti, ainsi que Vre Mte m’a escript amplement de tous les affaires et nouvelles de pardela.

2]2] Et quant à celles de pardeça, vous avertis, monsr, que depuis ce que dernierement vous ai escript des affaires d’Ytalie par Francisco de Salamanca, mon escuier d’escuirie, ai eu lettres du marquis de Piscare des 5e, 15e et 23e de novembre, par lesquelles m’a averti comme ou nom de Vostred. Mte a fait demander au duc de Milan les chasteaulx dud. Milan et de Cremone et deux secretaires, par lesquelles se devoit prouver la confession de Jheronime Morron en ce qui touchoit led. duc, qu’est chose si tres grande et de telle qualité, ainsi qu’il m’a escript que non seullement a merité estre privé et frustré de l’estat dud. Milan, mais de quatorze fois plus, s’il le tenoit, à quoi led. duc n’a voulu entendre, disant que à sa simple requeste lui avoit donné tout led. estat, excepté lesd. deux chasteaulx, et qu’il les vouloit tenir pour sa seurté jusques à avoir le commandement de Vostred. Mte et semblablement qu’il ne pouvoit bailler lesd. deux secretaires, disant qu’il en avoit affaire et aussi qu’il les lui failloit garder pour prouver son ignossance de tout ce qui s’estoit traicté, depuis qu’il tenoit led. estat, et que par saulfconduit vouloit envoyer ung sien secretaire devers Vre Mte, ce que led. marquis lui a consenti. Mais ce neantmoings qu’il vouloit incontinant avoir lesd. deux chasteaulx à cause qu’il estoit bien averti que icellui duc traictoit avec les Venetiens pour mectre le chasteau de Cremone en leur main et pour obvier à tous inconveniens, led. marquis s’estoit condescendu que led. duc lui bailleroit seullement le chasteau de Cremone en ses mains, pourveu aussi qu’il consentist que cellui de Milan fust cloz, affin que d’icellui ne puist recepvoir aulcun dommaige et le peuple jurer fidelité à Vre Mte, à quoi aussi n’a voulu entendre. Quoi veant, icellui marquis a assiegé lesd. deux chasteaulx, mesmes cellui dud. Cremone, duquel ont tiré force artillerie et tué aulcuns hommes, et avant qu’il mist le siege devant cellui dud. Milan fit convocquer et appeller le senat, affin qu’ilz fussent tesmoings de la culpe que led. duc avoit, leur requerant qu’ilz voulsissent parler à lui et lui remonstrer le maulvais chemin qu’il prenoit ce qu’ilz ont faictz, mais il n’a à riens voulu entendre et a le peuple consenti et promis aud. marquis de jurer fidelité à Vre Mte comme à leur superieur seigneur et enoultre, monsr, les gens dud. duc sont partiz du chasteau de Milan par aucunefois et ont blesséz de noz gens et y en est demeuré des leurs et tirent continuellement dud. chasteau, combien qu’ilz non faict aulcun dommaiges à nosd. gens, n’est que en mectant le siege en ont tiré et tué cinq hommes. Aussi suis, monsr, averti que ce chasteau de Clavance que led. duc avoit prins, ainsi que Vre Mte scet, est rendu par le capitaine qui l’avoit en garde aux Grisons qui le tenoient assiegé. Lesquelz l’ont desmolu, semblablement comme le pape a mandé toute sa gendarmerie aller à Parma et a fait payé aux Suysses tout ce qui leur estoit deu par les papes passéz dont est fort à craindre que lesd. Suisses aient quelque privée intelligence avec lui, Veniciens et duc de Milan et qu’ilz passent en Ytalie. Led. marquis a tant fait avec ceulx de la ville de Milan que tous mandemens de justice se depeschent ou nom de Vostred. Mte.

3]3] Monsr, comme desia vous ai par-ci-devant escript, j’entretiens à groz fraiz et despens sur les frontieres d’Ytalie environ 4000 pietons, affin que, si les choses vont plus avant, qu’on ne se treuve du tout a despourveu et aussi pour tenir les Veniciens suspens. Lesquelz au moyen de ce, selon que suis informé, ont surceu à rompre la guerre, et s’il faict de besoing plus grande, je suis ici à quatre journées près d’Ysbroug pour à toute diligence y aller moi-mesmes et postposerai tous aultres affaires quelzconques pour servir Vostred. Mte en tout ce qui sera en mon pouoir, car, monsr, comme maintesfois vous ai escript, ma personne ensemble ce que dieu m’a donné ne seront espargnéz pour vous faire service.

4]4] Je suis aussi, monsr, esté averti par voz ambassadeurs, estans à Venise, comme la seignorie illecq font grosses aprestes et preparatives de guerre tant à fortiffier villes et forteresses comme à cuillir et lever gens, lesquelz m’ont aussi à ceste cause escript que je fisse bonne provision sur mes frontieres à eulx voisins, car ilz ne voient nulle apparence de paix avec eulx, à quoi je pourvoierai le mieulx que pourrai.

5]5] Monsr, je ne faiz doubte que led. marquis de Piscaire vous escript et avertit journellement et au long de tous les affaires dud. Ytalie et semblablement vosd. ambassadeurs à Venise, parquoi me depporterai vous en escripre plus avant.

6]6] Monsr, j’entends que ce, pourquoi j’ai escript à Vre Mte en faveur de mon tresorier, le conte de Ortemburg, n’est encoires depesché, parquoi, monsr, de rechief vous supplie tres humblement et austant qu’il m’est possible qu’il vous plaise le depescher suivant le memorial, signé de ma main, que j’ai donné à Nicolas de Montfort, gentilhomme de ma maison, car led. tresorier a ce et plus grant chose merité et merite journellement en voz affaires et les miens, vous certiffiant, monsr, que ce que ferez en ce cas l’estimerai estre faict comme à moi-mesmes dont vous supplie avoir responce.

7]7] Je suis, monsr, averti tant de Romme comme d’ailleurs que le cardinal de Salsburg est deliberé faire ung coadjuteur en son archeveschié, assavoir l’evesque de Passaou, frere de ducz Guillaume et Loys de Baviere, que, comme sçavez, monsr, à cause que lad. archeveschié est entre mes pays d’Austrice et de Tirol et les pays desd. de Baviere, tourneroit, si ainsi avenoit, au grant prejudice de moi et de mesd. pays, car iceulx, ayans celle piece en leur domination, seroient beaucop plus fors contre moi et mesd. pays pour me porter dommaige, si aulcune chose vouloient emprendre. Parquoi, monsr, pour à ce obvier me semble en debvez escripre les lettres suivant qu’en envoie la copie à Salines. Lesquelles vous supplie, monsr, tres humblement incontinant faire depescher et envoyer pardeça.

8]8] D’aultrepart, monsr, led. cardinal a tant faict à l’aide desd. ducz de Baviere et d’aultres qu’il est accepté en la ligue de Zwave. Laquelle chose tournera aussi grant prejudice de moi et de mesd. pays à cause des continuelles differences qu’il y a entre led. archevesque, ses pays et les miens et mes subgectz, ce que ne se doibt nullement parmectre, ains y empescher austant qu’il sera possible. Parquoi, monsr, vous supplie aussi tres humblement vouloir semblablement escripre les lettres suivant la copie que j’envoie aussi à cest effect aud. Salines tant aud. cardinal comme à lad. ligue, ausquelles pourrez adjouster ou diminuer, ainsi que pour le meilleur vous semblera.

9]9] Monsr, il y a passez dix jours que suis arrivé en ceste ville pour y celebrer la diete imperiale, où il n’y a venuz aulcuns princes fors le marquis Casimirus de Brandemburgh et le duc Henrick de Branswyck et quelques lettres que j’ai escriptes et pourchas qu’ai sceu et sçaiche encoires faire ne voi nulle apparance qu’il y en doige venir aulcun aultre, parquoi est apparant lad. diete se passera ainsi sans qu’il y ait aulcun fruict.

10]10] J’ai, monsr, depesché les ambassadeurs du prince de Moscovie, ainsi que par aultres mes lettres en latin vous escriptz et comme verrez par la copie de l’instruction et depesche qu’ai fait que vous envoie avec cestes.

11]11] J’ai eu nouvelles de Hungrie, lesquelles plus amplement entendrez, monsr, par la copie d’ung article, extraicte d’une lettre d’ung particulier, escripte à aulcun aultre pardeça, et ne sçaiche aultre meilleur moyen dont le roi de Hungrie puist estre aidé de quelque bonne paix entre Vre Mte et le roi de France, car alors auries la commodité de lui pouoir aider et assister et le semblable entendra à l’annichilation de la secte Lutherienne que pour lors regne plus que jamais.

12]12] Aussi, monsr, ai eu nouvelles, comme le 3e dud. mois de novembre les Turcz sont entrez en mon pays de Carniole, ou ilz ont faitz une rase au grant dommaige de moi et de mes subgectz, lesquelz, comme suis averti, ont par les Venetiens estéz incitéz et poursuitz à ce faire.

13]13] Monsr, quant aux paysans de pardeça, la dieu mercis, tous ceulx qui s’estoient levéz sont en bonne pacification fors la ville de Walsoultz qui est tousjours en ung mesme estat, mais j’espere a l’aide de nostre seigneur icelle tost reduire a deue obeissance. Et sur ce etc.

D’Augsburg, ce 4e de decembre ao 25.

14]14] Monsr, à ceste heure est arrivé vers moi ung baron, serviteur du cardinal de Mayence, par lequel il m’a fait dire aucunes choses, concernant ceste diete et aultres, entre lesquelles a esté ce que il vous plaira veoir par la copie ci-enclose dont Vre Mte pourra veoir, si vostre venue de pardeça est necessaire.